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Tout a commencé par un groupe de défenseurs du littoral

Tout commence par un premier pas… Surfrider Europe aussi. En 1990, c’est une première pensée, suivie d’un premier geste, d’une première démarche, qui ont mené l’association là où elle est aujourd’hui. Le combat pour la protection de l’Océan a pris racine dans une action, puis un projet. Deuxième volet d’une série dédiée aux 30 ans de Surfrider Foundation Europe, revenons sur les actions des défenseurs de notre littoral qui ont débuté par un premier petit groupe, en 1992.  

Retour sur l’année 1992 : tout a commencé par un premier groupe de défenseurs du littoral. 

Il y a 28 ans, le programme Coastal Defenders, tel qu’on le connait aujourd’hui, est né d’UN premier groupe de personnes soucieux de la protection de leurs côtes. Tout a commencé par :

Un groupe de défenseurs : les gardiens de la côte. 

Une année de création : 1992. 

Une première publication en 1997 : les Pavillons noirs. 

Un objectif : protéger le littoral et devenir un levier d’action pour faire changer les communes. 

Une victoire : la première publication est un succès, au-delà même de ce qui était imaginé. Les gardiens se mettent alors à vérifier leurs sources et à proposer des solutions afin de ne pas seulement dénoncer les zones polluées.  

Un résultat inattendu : une question portée au gouvernement pour comprendre pourquoi une même plage peut avoir un pavillon bleu, signe de bonne qualité, et un pavillon noir.  

Gilles Asenjo, président de Surfrider Europe, explique le contexte de création des Pavillons noirs : “En fait, la porte était fermée, avec les Pavillons noirs on donnait des coups de pied dans la porte pour l’ouvrir. Après quand la porte est ouverte, que l’on peut discuter avec les gens, ça ne sert plus à rien de la défoncer. On rentre dans la salle de réunion et on discute avec les gens, voilà notre révolution. Avant, on avait affaire à un mur, là on a affaire à des gens qui écoutent. Donc on s’adapte à ça. Notre boulot, ce n’est pas l’action de revendication, c’est l’amélioration. D’ailleurs, dès le début des Pavillons noirs, on avait une ligne sur le délit et huit sur ce que Surfrider préconisait comme solutions pour régler le problème.”  


Les actions des Coastal Defenders en trois combats.

        1. La lutte contre les rejets en mer : l’exemple du dragage du port de Cap Breton

En 1994, le dragage du port de Capbreton est envisagé par la commune afin de redonner une profondeur de 1.5 mètres de tirant d’eau dans l’enceinte du port mais également d’éviter le retour des vases sur les plages, dans le port et le lac d’Hossegor. Une aspiration par une dragueuse suceuse des boues est alors envisagée, acheminées par des tuyaux installés le long du front de mer, avant d’être rejetées sur le rivage.  

Dès cette époque, Surfrider Europe prend position et manifeste. Les gardiens de la côte dénoncent les insuffisances des analyses des risques de pollution. Le manque de réalisme de l’hypothèse courantologique de ce projet est également avancé. En effet, quand le courant s’inversera, rien ne pourra être mis en œuvre pour empêcher le retour de pollution. L’agression faite à l’environnement est également dénoncée, rappelant que la mer n’est pas une poubelle. Enfin, Surfrider Europe explique dès cette année qu’il existe des solutions alternatives et déplore que dans le cas présent ces solutions n’aient pas fait l’objet d’études sérieuses. Ce combat fut le premier de cette ampleur mené par l’association et l’a donc aidé à construire son expertise sur le sujet.  

        2. La gestion des naufrages : l’exemple d’ERIKA. 

En 1999, l’ERIKA, pétrolier battant pavillons maltais – affrété par Total – est chargé de 30 000 tonnes de fioul. Il quitte Dunkerque, direction Livourne en Italie via Ouessant. Pendant la nuit, la mer est très forte et le navire se casse en deux au petit matin à 70 km au large de la Bretagne. Le lendemain, la partie arrière de l’ERIKA sombre alors que la Marine Nationale tente de la remorquer vers les hauts fonds afin de limiter la pollution éventuelle (20 000 tonnes de fioul sont stockées dans les soutes). Les nappes se morcellent et ce sont les habitants du sud Finistère et du Morbihan qui sont les premiers touchés, avec des arrivages de fioul sur les côtes, sous forme de plaques ou de galettes. La Loire-Atlantique reçoit le plus gros de la pollution qui descend progressivement jusqu’au Pays-Basque. On recense au total 34 000 oiseaux marins et côtiers touchés.  

Surfrider Europe organise alors des nettoyages de plage et des espèces mazoutées sur toute la côte, met en place des manifestations et lance une vaste campagne de communication contre le groupe Total et la pollution aux hydrocarbures. Près de 13 ans plus tard, en septembre 2012, la Cour de Cassation met fin au procès et confirme les condamnations prononcées par les juges et la Cour d’Appel en condamnant Total à des dommages et intérêts et en reconnaissant la notion de préjudice écologique. Bien que ne s’étant pas constituée partie civile sur ce procès, cette décision représente une grande victoire pour Surfrider Europe.  

        3. Le combat contre l’artificialisation du littoral : l’exemple des vagues de Mölle en Suède.  

L’artificialisation du littoral contribue notamment à accentuer les effets de l’érosion. Dès lors, le programme Coastal Defenders s’engage à lutter contre tout projet menaçant l’équilibre naturel des côtes.  

C’est ainsi qu’en 2012, les gardiens du littoral rencontrent une victoire en Suède, au sujet des vagues de Mölle. L’action visait à sauver un spot de surf bien connu des Suédois et à veiller à ce que les usages récréatifs soient respectés. Un projet d’extension du quai du port de plaisance, en date de 2008, menaçait le spot. Ceci avait alors soulevé une large indignation suivie d’une mobilisation de la communauté de surfeurs de la région. L’abandon du projet en 2012, grâce au travail de l’antenne bénévole suédoise de l’association, a signé la reconnaissance des externalités positives de ces vagues.  

Ainsi, depuis 2008, Coastal Defenders compte 80 combats gagnés, 14 actions en cours et 17 perdues. Le combat est toujours d’actualité et s’accompagne de victoires. En 2020, l’antenne de Surfrider Porto a fait un pas de plus dans son combat contre le projet d’extension du port de Leixões. Après avoir été reçus par les députés la veille, le ministre portugais de l’infrastructure a tranché en faveur de la position des Coastal Defenders et a pris la décision de suspendre les travaux en attendant qu’une étude d’impact sur l’environnement soit menée. 

Nous avons encore aujourd’hui besoin de vous pour soutenir notre mission de protéger 100% des littoraux. Tout commence par une dénonciation, un témoignage, une manifestation contre le changement d’un lieu qui vous est cher. C’est vous, en tant que citoyen, qui pouvez faire la différence.