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Pollution sur les plages : ces ronds en plastique qui nous envahissent

Sans le savoir, vous avez peut-être déjà croisé ces petits cylindres en plastique au bord d’une rivière, d’un lac ou bien sur une plage. Contrairement à ce que leur nom peut laisser penser, les biomédias sont très loin d’être bios. Mais alors, c’est quoi un biomédia et à quoi ça sert ? 

 

Il y a 15 ans Surfrider Foundation Europe a détecté une nouvelle forme de pollution sur la façade sud-Atlantique. Les fautifs, ces petits cylindres faisant penser à des camemberts en plastique, ont depuis été identifiés : ce sont des biomédias. Aujourd’hui, cette pollution encore méconnue touche les littoraux du monde entier.

A quoi servent les biomédias ?

Également appelés médias filtrants, ces supports alvéolés en plastique sont utilisés pour le traitement des eaux usées domestiques mais aussi industrielles et agricoles. Ils servent de support aux bactéries qui digèrent les matières organiques en suspension plus vite, permettant un traitement plus efficace des eaux usées.

Concrètement, les biomédias vont favoriser le développement des bactéries qui vont venir manger les matières indésirables de nos eaux usées. Allant de quelques millimètres à plusieurs centimètres, les biomédias se présentent sous différentes tailles, formes, surfaces et couleurs. On peut les retrouver par millions au sein d’un même bassin.

L’ensemble des eaux contaminées par les activités humaines doit faire l’objet d’un traitement via les systèmes d’épuration. Elles sont ensuite rejetées dans le milieu naturel après avoir été débarrassées des pollutions dont elles sont chargées.

L’assainissement des eaux usées en station d’épuration se réalise en plusieurs phases – le plus souvent cinq. L’une d’elle est la phase de traitement biologique durant laquelle la matière organique est décomposée par des bactéries. C’est au cours de cette phase que la technologie des biomédias est utilisée.

Qui utilise des biomédias ?

Les biomédias sont utilisés dans le traitement des eaux usées par différents acteurs comme :

  • Les stations d’assainissement collectives (système d’assainissement le plus commun en zone urbaine), exploitées par des collectivités ou des groupes privés comme Vinci Environnement, Veolia Water Technologies ou Suez Eau France qui conçoivent par ailleurs ces stations et peuvent avoir leurs propres modèles de biomédias.
  • Les stations d’assainissement non-collectives, non-raccordées directement au réseau collectif. Cette catégorie de stations domestiques inclut des particuliers, en général des habitations ou groupes d’habitations utilisant des installations indépendantes, ainsi que des petites entreprises industrielles.
  • Les stations d’assainissement non-collectives industrielles, les industries ayant pour obligation de traiter leurs eaux usées avant de les rejeter du fait de leur plus forte concentration en polluants. Dès lors, leurs eaux usées sont soit rejetées dans l’environnement ou réutilisées après avoir été épurées, soit redirigées vers le réseau collectif. Cela inclut le secteur agricole ainsi que tous types d’industries (papier et carton, bois, agro-alimentaire, viniculture, pisciculture).

Pourquoi trouve-t-on des biomédias sur nos plages ?

Les rejets des stations d’épuration s’effectuent dans le milieu naturel, dans les cours d’eau, ou directement dans l’océan. Il existe des normes et règlementations encadrant le rejet des eaux usées dans l’environnement. Les biomédias sont censés être utilisés en circuits fermés mais cela n’empêche pas qu’il puisse y avoir des accidents pouvant provoquer leur rejet dans les milieux naturels. Ils peuvent alors s’échapper des stations d’épurations et parcourir parfois des centaines de kilomètres dans les fleuves et rivières avant de finir leur course dans l’Océan.

Il arrive souvent que le déversement de biomédias dans l’environnement ne soit pas dû à un seul facteur isolé mais à une conjonction de plusieurs facteurs, comme des intempéries (orages, fortes pluies), le débordement des bassins de traitement, une panne technique ou une surveillance insuffisante. Par exemple, un orage (facteur naturel) peut entraîner une fuite ou un débordement d’un bassin non grillagé (facteur humain). L’obstruction des grilles de sortie des bassins, un stockage dans un lieu inapproprié ou encore une manutention laxiste sont autant de causes pouvant mener à la fuite de biomédias. Comme l’illustre l’incident survenu à Corbeil-Essonnes en février 2010.

Une quantité importante de biomédias se retrouve directement dans nos cours d’eau et dans l’Océan. Il est donc légitime de questionner les impacts de cette présence indésirable dans le milieu marin.