Skip to main content

Moins d’un mois pour dire non aux microplastiques dans nos produits en Europe

Surfrider Europe appelle à une mobilisation d’ampleur de la société civile et des acteurs progressistes pour répondre à une consultation publique européenne et demander l’interdiction ambitieuse et dans les plus brefs délais des microplastiques intentionnellement ajoutés dans un très grand nombre de produits en Europe.  



Des microplastiques omniprésents dans nos produits et nos usages
 

Les microplastiques sont communément définis comme des particules de plastique mesurant moins de cinq millimètres. Les experts ont choisi de distinguer deux sortes de microplastiques : d’abord, ceux intentionnellement ajoutés comme ingrédients à de très nombreux produits. Par exemple, dans les cosmétiques, il s’agit des microbilles ajoutées aux gels exfoliants ou encore au dentifrice pour les plus connus. Mais des microplastiques sont en réalité ajoutés à notre insu dans de très nombreuses gammes de produits : les produits de maquillage, tels que les fards à paupière, ou les rouges à lèvres, mais aussi les crèmes ou le dentifrice, qu’ils soient rincés ou non. Ils sont aussi présents dans les produits de nettoyage, les peintures ou encore massivement dans l’agriculture (les pesticides par exemple) et dans les terrains de sport et autres pelouses artificielles. Et enfin, il existe des microplastiques issus de la dégradation de produits comme les fibres textiles, de l’abrasion des pneus, ou encore de la dispersion, perte ou relâchement dans l’environnement de granulés de plastique industriels.  

Une pollution sans précédent qui se compte en mille milliards de particules dans l’Océan 

Ces microplastiques, utilisés comme ingrédients ou résultant de l’abrasion de plastiques plus grands, contribuent, une fois dans l’environnement, à la pollution plastique de l’Océan et des milieux aquatiques. Ils investissent les milieux, se retrouvent dans les animaux marins, et in fine dans nos assiettes, à l’origine de sérieuses craintes pour la santé humaine. On a aussi retrouvé des particules microplastiques en grande quantité dans la bière que nous buvons, dans nos fruits et légumes mais aussi dans l’air que nous respirons. Les microplastiques sont partout : des études en ont retrouvé dans la neige en Arctique et dans les Alpes mais aussi jusque dans les plus grandes profondeurs comme la fosse des Mariannes. Dans l’Océan, la pollution atteindrait entre 12 000 et 125 000 milliards de particules microplastiques, deux fois plus que ce que l’on pensait initialement. Une récente étude a révélé enfin que l’on avalerait en moyenne en une année 50 000 particules microplastiques et qu’on en respirerait tout autant.  

L’interdiction des ingrédients microplastiques à l’étude dans l’Union Européenne 

Face à cette pollution, certains Etats, en Europe et dans le monde ont déjà étudié la possibilité d’interdire ou ont déjà interdit les ingrédients microplastiques – dans la plupart des cas les microbilles uniquement – de certains produits, souvent limités aux produits cosmétiques dits rincés comme les exfoliants. Mais la portée de ces quelques législations est très limitée car elles ne s’attaquent qu’à un très petit nombre de produits et laissent encore le loisir aux entreprises de continuer à polluer en intégrant ces microplastiques dans les listes d’ingrédients de tout un tas de produits. En parallèle, Surfrider Europe reste en attente et mobilisée pour que des mesures nécessaires soient prises concernant les microplastiques dits non intentionnellement ajoutés, c’est-à-dire émanant des fibres textiles ou encore de l’abrasion des pneus.

Concernant la pollution par les microplastiques la plus absurde et la plus facilement évitable, c’est-à-dire ceux que les entreprises décident d’introduire volontairement dans les produits, des avancées majeures – si elles aboutissent – sont en cours. En effet, depuis 2010 et à de multiples reprises, les institutions européennes ont appelé à s’attaquer à cette source de pollution massive. La Commission européenne s’est finalement engagée à le faire dans sa stratégie plastique sortie en 2018 indiquant vouloir restreindre les microplastiques intentionnellement ajoutés. Elle a donc depuis mandaté l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) pour émettre un avis sur le sujet. L’agence compte deux comités : le premier est le comité scientifique qui s’intéresse à l’évaluation des risques pour la santé humaine et l’environnement dans le cadre des procédures de restriction des substances. Il s’est prononcé sans équivoque possible pour une restriction forte reconnaissant que les microplastiques constituent une pollution persistante, irréversible et de long terme dans l’environnement. Le second comité s’intéresse, quant à lui, à l’impact socio-économique de mesures législatives potentielles à l’égard de substances chimiques tels que les microplastiques. 

© Richard KIRBY – Plancton et microplastiques
Exposition « L’invisible devient visible »  par l’Art Campus Surfrider

Lancement d’une consultation européenne sur la restriction des ingrédients microplastiques 

Ce second comité a lancé une consultation publique ouverte jusqu’au 1er septembre. L’enjeu : évaluer les impacts sociaux et économiques d’une restriction au niveau de l’Union européenne des ingrédients microplastiques ajoutés dans un grand nombre de produits – des cosmétiques aux pesticides – si elle était adoptée. Cette évaluation permettra in fine à l’agence de déterminer si cette restriction est justifiée mais aussi souhaitable et faisable et d’en définir les conditions et le calendrier. Sur la base de l’avis et des recommandations de l’agence européenne ECHA, la décision finale de proposer une restriction des ingrédients microplastiques et d’en déterminer les contours reviendra à la Commission européenne. 

Une consultation soumise au lobbying agressif d’un pan de l’industrie 

Face à cette possibilité d’interdiction des ingrédients microplastiques, une partie de l’industrie s’est mise en ordre de marche pour limiter les incidences de ces potentielles mesures sur leurs produits et business, au prix de la protection de l’environnement et de la santé de leurs consommateurs. Au programme de leur lobbying ? Demander des dérogations à tout va pour leurs produits, limiter les microplastiques concernés par la restriction afin de continuer à utiliser tout autant de particules plastiques toujours plus petites aux risques encore plus accrus en termes environnementaux et de santé, avancer que les microplastiques dits biodégradables n’ont pas les mêmes incidences et doivent être exclus de toute restriction à l’encontre des preuves scientifiques démontrant le contraire, appeler à revoir le calendrier pour continuer de polluer un peu plus longtemps.

Et pourtant, pour chaque délai d’un an accordé, on comptera en plus :


  • 3 600 tonnes
    de microplastiques issus des cosmétiques  

  • 8 500 tonnes
    de microplastiques issus des produits de nettoyage et détergents  

  • 10 000 tonnes
    de microplastiques issus des produits utilisés dans l’agriculture  

  • 16 000 tonnes
    de microplastiques issus des terrains de sports.  

Surfrider Europe appelle à la mobilisation 

Faites du bruit et mobilisez autour de vous ! Vous avez connaissance d’entreprises qui se sont engagées à ne pas utiliser de microplastiques dans leurs produits ? Invitez-les activement à répondre à la consultation européenne en cours jusqu’au 1er septembre. Diffusez le message sur vos réseaux sociaux afin que la Commission européenne entende la voix de la société civile en faveur d’une restriction forte et ambitieuse et appelez à la fin des microplastiques dans les produits européens quels qu’ils soient.