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L’océan Austral fait monter la température

Le 21 janvier 2021, ont été publiés les résultats d’une étude menée à travers l’océan Austral, par plusieurs laboratoires français et australiens, au cours des 25 dernières années. Et, les observations s’avèrent être encore plus mauvaises que les prévisions des scientifiques qui rendent compte d’un réchauffement global de la température des eaux en profondeur, laissant craindre le pire en matière de fonte des glaces, de montée des eaux et de réchauffement climatique.  

L’océan Austral : une région importante mais peu étudiée

Publiée dans la revue Nature Communications, l’étude détaille les résultats obtenus tout au long du Programme d’observation SUVOSTRAL. Menée par plusieurs laboratoires de géophysique, d’océanographie et du climat – dont le CNRS et le CSIRO australien -, elle est inédite dans la mesure où il s’agit de la plus longue série de relevés de températures dans cette région du monde. Car, bien qu’il joue un rôle majeur dans le stockage de la chaleur océanique mondiale, l’océan Austral reste la zone marine la moins observée de la planète.

Concrètement ici, les scientifiques ont, pendant 25 ans, à bord du brise-glace L’Astrolabe, traversé, à plusieurs reprises, les 2 700 kilomètres de l’océan Austral reliant la Tasmanie à l’Antarctique. A chaque traversée – 6 fois par an -, ont été lancées, tous les 20 kilomètres, des sondes de température atteignant 800 mètres de profondeur. Ce travail fastidieux a ainsi permis d’établir une structure de températures moyennes des premiers mètres de l’océan Austral. Et les résultats sont alarmants.

Le préoccupant réchauffement des eaux profondes


Les scientifiques observent en effet, qu’au cours des dernières décennies, la température de l’océan Austral a globalement augmenté. Toutefois, quelques variations se dégagent selon les zones : si au nord, toutes les eaux se réchauffent fortement, l’extrémité sud de la région, proche de l’Antarctique, est marquée par un léger refroidissement des eaux de surface… Ce qui n’a malheureusement rien de réjouissant !

Ce refroidissement est en fait dû au contact direct entre la surface océanique et l’air glacial du sud de l’océan. Il suffit pourtant de descendre de quelques mètres pour constater qu’il cache un important réchauffement des eaux profondes de la zone. Ne se mélangeant pas avec les eaux de surface, mêlées à la fonte des glaces continentales et donc beaucoup moins salées, ces dernières ne peuvent, en effet, pas se refroidir.

Bien que leur hausse de 0.05°C par décennie puisse paraître relativement faible, elle reste particulièrement préoccupante dans la mesure où ces eaux chaudes remontent, chaque année, plus vite à la surface. Lors de cette dernière décennie, elles se sont alors soulevées de 39 mètres, conduisant progressivement à la réduction de la surface froide et laissant présager de graves conséquences.  

Les conséquences désastreuses de ce réchauffement

En effet, en plus d’impacter directement le climat mondial, le soulèvement de ce eaux profondes réchauffées menace d’envahir les plateaux continentaux, accélérant, de fait, la fonte des glaces antarctiques et l’élévation du niveau de la mer.

Jusqu’alors largement sous-estimés, les changements observés dans l’océan Austral doivent désormais impérativement être pris en compte. Les récents résultats soulignant l’ampleur du réchauffement des eaux profondes, dont nous sommes à l’origine, doivent permettre de reconsidérer les changements actuels de l’océan, la perte de masse de la calotte glaciaire et nous pousser à agir, encore plus, en faveur de la protection marine. 


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