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L’Etat espagnol dénoncé pour son inaction dans la gestion des déchets

Les institutions espagnoles remises en cause dans la gestion des déchets municipaux  

Le 11 février dernier, dans un communiqué adressé à la Commission européenne, seize organisations, regroupées autour de la campagne “Changing Markets”, dénonçaient le non-respect, par l’État espagnol, des objectifs européens fixés en matière de gestion des déchets. S’étant engagé à réutiliser et recycler au moins 50% de ses ordures municipales en 2020, ce dernier peine, en effet, aujourd’hui, à atteindre les 35% : un chiffre bien éloigné de l’objectif, et déclinant chaque année !

Face à l’inaction de l’État espagnol, Surfrider Europe a évidemment signé ce communiqué aux côtés de plusieurs autres associations étatiques – dont Greenpeace, Amigos de la Tierra ou Ecologistas en Accion – et organisations territoriales, telles que les Iles Baléares ou la Galice, impactées écologiquement, socialement et économiquement par cette mauvaise gestion des déchets.

Au-delà de pointer du doigt la responsabilité des institutions espagnoles auprès de la Commission européenne – qui a d’ailleurs accepté de traiter la demande -, cette action doit être un moyen de pousser le Gouvernement à opérer un virage à 180° en légiférant ambitieusement et fermement à ce propos.

Une inaction conduisant à une véritable crise des déchets sur la péninsule ibérique  

En effet, bien qu’elle relève de la compétence des communautés autonomes, le Gouvernement espagnol doit comprendre qu’un cadre législatif étatique relatif à la gestion des déchets, est essentiel pour réduire la pollution sur tout le territoire. C’est d’ailleurs pour cette raison que le communiqué a aussi été adressé à la Ministre de la transition écologique, Teresa Ribera qui, malgré les recommandations répétées de l’UE, n’a jamais engagé de politique concrète de gestion des ordures au niveau national.  

En grande partie responsable de ne pas avoir atteint les objectifs prévus par les directives européennes, le Gouvernement n’est pas le seul fautif. Nous dénonçons également Ecoembes, l’organisme monopolistique de recyclage des emballages en verre et plastique espagnols, d’empêcher toute tentative de changement législatif et de retarder l’instauration d’un véritable système de consignation des contenants. En effet, le système RECICLOS, actuellement géré par Ecoembes et soutenu par plusieurs acteurs industriels (Coca-Cola, Nestlé, P&G…), suppose un retour des emballages, au fabricant, sur la seule base du volontariat. En plus de ne pas être obligatoire, il se limite eu retour de dix contenants, maximum, par semaine et par consommateur, et se révèle dès lors très insuffisant pour répondre aux objectifs européens. Ainsi, seul un quart des emballages en verre et plastiques sont recyclés en Espagne ! 

Ces blocages et distractions, couplés au manque de volonté du Gouvernement, contribuent à ce que se poursuivent le déversement et l’incinération des déchets municipaux, augmentant la pollution et la contamination des sols, de l’air et de l’eau. Par son inaction, l’Espagne est alors le deuxième pays, après la Turquie, à polluer le plus la Méditerranée, affectant gravement les écosystèmes, la biodiversité et la santé humaine.    

Légiférer fermement, la solution pour réduire la pollution

Dès lors, à travers ce communiqué, sont formulées plusieurs demandes pour que l’Etat espagnol réduise la pollution induite par les déchets, sur son territoire. Il semble nécessaire, entre autres, d’améliorer le ramassage sélectif des ordures, et notamment celui des déchets organiques, ainsi que d’instaurer un système de taxes en cas d’incinération ou de déversement. Ces mesures doivent s’accompagner d’actions menées à la source des déchets, en développant davantage la responsabilité des fabricants par la limitation des emballages à usage unique et, surtout, l’instauration d’un système efficace de consignation des contenants pour que le coût de la pollution plastique soit supporté par les industriels plutôt que par les contribuables espagnols qui, chaque année, déboursent 744 millions d’euros pour le traitement de ces déchets abandonnés – à savoir, leur ramassage et le nettoyage des rues et poubelles. 

Afin qu’elles soient véritablement effectives, nous réclamons que ces propositions soient regroupées au sein de la nouvelle Loi espagnole des déchets. Davantage participative et ambitieuse, elle doit garantir la conformité du pays aux objectifs européens, à l’image des autres membres de l’UE.