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Knokke-Heist : comment une gestion catastrophique du littoral a été évitée

Le changement climatique est, désormais, bel et bien visible : s’accélèrent l’érosion, la montée des eaux et la disparition des plages dont les habitants des zones littorales sont de plus en plus victimes. Pour faire face à cette vulnérabilité croissante, le gouvernement de Flandre a alors projeté de construire une île artificielle au large de ses côtes. Un programme inefficace mettant en péril le trait de côte et les vagues, contre lequel ont décidé de lutter les volontaires de l’antenne Surfrider Belgique. D’actions d’opposition à leur intégration du processus décisionnel, retour sur le combat de ces Coastal Defenders depuis 2016.  

Une île artificielle pour faire face à la montée des eaux en Belgique

Face aux changements climatiques chaque jour plus évidents, la Flandre est une région particulièrement vulnérable. Accélérant notamment la montée du niveau de la mer – estimée à plusieurs mètres d’ici la fin du siècle -, ces dérèglements météorologiques menacent, en effet, les zones littorales du plat-pays, qui pourraient même disparaître d’ici 2050.
Afin de prévenir ces risques côtiers, le ministre flamand du tourisme, Ben Weyts, a proposé, en 2016, l’intégration d’un nouveau projet d’île-test, au sein du plan d’aménagement des espaces marins (PAEM) de 2020-2026. Située à environ un kilomètre au large de la station balnéaire de Knokke-Heist, cette île artificielle de 40 hectares aurait permis, selon lui, de protéger le littoral des tempêtes, de la montée des eaux et de l’érosion accentuée par les fortes vagues… Un projet d’ampleur aux conséquences désastreuses sur l’environnement, la qualité de vie et la santé des usagers. 

Knokke-Heist : lieu de combat des Coastal Defenders depuis 2016

En effet, au-delà de produire un effet minime sur la protection du littoral à long terme, une telle construction aurait des conséquences écologiques catastrophiques : en plus d’accentuer le dépôt de limon sur la plage de Knokke-Heist, la création d’un canal entre la côte et l’île conduirait à ce que se concentrent, à cet endroit, les déchets et dégazages des navires de passage. Aussi, par l’aggravation de la pollution aquatique, l’impossibilité de pratiquer des activités nautiques à cause de la disparition des vagues et, la formation de tourbillons rendant la baignade dangereuse, ce projet impacterait fortement la qualité de vie et la santé des usagers.

Pour ces différentes raisons, une lutte a alors été engagée contre le projet. Les volontaires de l’antenne belge de Surfrider Europe se sont joints au collectif citoyen Stop het Eiland, constitué dès 2016 : leurs solides arguments et les 4622 objections déposées lors de la consultation publique de 2018 relative au PAEM, ont alors convaincu les décideurs politiques et les experts qui ont retiré le projet d’île-test de ce plan d’aménagement… Une première victoire citoyenne considérable s’inscrivant, en outre, sur le long terme.  

Une lutte inscrite sur le long terme : le collectif Stop het Eiland officiellement reconnu comme partie prenante du Kustvisie

Car l’action de Stop het Eiland a également conduit à la création, sous la direction du gouvernement flamand, d’un Kustvisie à Knokke-Heist : tenant compte des divers enjeux environnementaux, économiques et sociaux locaux, ce programme cherche à protéger le littoral et ses habitants de la meilleure façon possible. En effet, si le projet d’îlot artificiel a pour l’instant été abandonné, le PAEM prévoit toujours que des mesures soient prises pour sauvegarder la côte menacée. Les discussions se poursuivent donc au sein de ce Kustvisie pour que des solutions alternatives à la construction d’une telle île soient trouvées. 

Puisque ce programme est basé sur la discussion, la participation et la consultation ciblée de certains acteurs, Stop het Eiland a été reconnu comme une véritable partie prenante du processus décisionnel relatif à la protection du littoral de Knokke-Heist. Ses représentants participent donc désormais aux réunions d’information sur le projet côtier et veillent à ce que les solutions choisies pour faire face aux conséquences du changement climatique soient respectueuses des écosystèmes. Prouvant qu’ils peuvent être considérés comme de véritables experts et s’inscrire comme acteurs décisionnels sur le long terme, le cas de Knokke-Heist constitue une très grosse victoire pour nos Coastal Defenders et un espoir pour que les choix d’aménagement se fassent, à l’avenir, de façon plus responsable et durable.